Croyances
Une bonne partie de ces croyances est l'héritage des anciens
esclaves Africains affranchis en 1848 ou des travailleurs
malgaches.
Les guérisseurs exorcistes ont pignon sur rue dans notre île.
L'encyclopédie de la Réunion relate au sujet de Madame Visnelda,
qu'elle travaillait en tant que secrétaire de mairie à L'Etang-Salé
les Hauts. C'est après ses horaires de travail que commençaient
ses séances qui étaient publiques. Cette guérisseuse recevait
des malades envoyés par des médecins et qui n'avaient pas été
guéris par la thérapeutique officielle. Elle recevait des "
possédés " et des cas parormaux qu'elle traitait en
réussissant à chasser le Diable. Ces séances étaient, dit-on,
digne des meilleurs films fantastiques.
Au cours de l'année 1977, elle reçut paraît-il 5093 "
malades " parmi lesquels un nombre important de "
possédés ".
Votre enfant est " possédé " par un " esprit
" qui est monté sur lui, disait-elle.
Cet esprit peut être l'âme d'un mort, un esprit malgache, il
faudra le déterminer, et pour cela, il y a lieu de faire tant de
séances à suivre. Ces mots prononcés par la guérisseuse
devenaient comme un leitmotiv, car l'une des créatures les plus
diaboliques la plus connue est Sitarane qui fut guillotiné en
1911.
L'exorcisme est toujours une lutte entre l'exorciste et les forces
démoniaques qui se sont emparées de la victime. Les objets pour
ce rituel étaient les suivants: le crucifix, l'eau bénite, les
médailles de Saint-Benoît, du sel, des bougies, des prières.
Il arrive qu'un exorciste réussisse là où un autre a échoué.
Tous les deux, Père Dijoux et elle étaient les seuls il me
semble, à exercer cette pratique. ils s'envoyaient souvent des
" malades " (des cas difficiles) parfois en pleine nuit,
c'était monnaie courante: ils travaillaient main dans la main,
quoique le Père Dijoux, dans ses méthodes, insistait sur un
côté de guérison par les plantes locales, en plus de celui
d'exorciste.
Au cours de ces séances il n'était pas rare de voir le "
malade " se débattre, être complètement ailleurs,
divaguer, et cette guérisseuse le frappait en ordonnant aux
forces satanées de sortir du corps de son client.
Très souvent, alors qu'elle entrait en transe, elle disait à son
client la nature de l'esprit qui l'habitait et elle ordonnait de
plus belle à celui-ci, (malgache, malabar, ou comorien) de
sortir. Il n'était pas rare d'avoir recours à des séances
supplémentaires selon les cas, pour en venir à bout, tant la situation était
ardue.
A présent, tous deux sont décédés. Reste-t-il encore des
exorcistes sur l'île ? Je ne puis vous le dire.
Chantal .L.
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